Interview Y-zit

| vendredi 4 juillet 2008


Comment est arrivée la rupture de Tragédie ?

Cela s'est passé pendant notre tournée au printemps 2005.
Je me suis disputé avec les producteurs, de Tragédie.
J'étais en fin de contrat, mais ils ne voulaient pas me lâcher.
Je n'avais pas envie de faire un troisième album dans l'immédiat.
Avec tout ce boulot, je ne voyais pas beaucoup mon petit garçon et ma femme.
Ils en souffraient et je me sentais mal. D'ailleurs,
mon nouvel album est une grande demande en pardon à ma femme...

Pourquoi ton collègue et ami Silky Shaï ne t'a-t-il pas suivi ?

Au début, il avait décidé de partir avec moi,
puis il a choisi de rester avec nos producteurs.
Je n'ai pas voulu le forcer.

Restez-vous en contact tous les deux ?

Malheureusement non. Ca me fait mal au coeur.
C'était mon meilleur ami depuis huit ans, c'est le parrain de mon fils...
Je pensais que quand on était potes, quand l'un tombait, l'autre essayait de le retenir...
Moi, personne n'a tenté de me retenir. Et je suis tombé de haut !

Penses-tu que cette rupture amicale est définitive ?

Je ne pense pas. En tout cas, Tragédie, c'est vraiment fini.
Je ne cracherai jamais sur ce groupe, je suis fier d'avoir fait partie de cette aventure.

C'est l'énergie de la revanche qui te fait avancer en ce moment ?

Un peu. J'ai retenu une phrase de mes anciens producteurs :"Tu n'y arriveras jamais".
Entendre ça, je pense que ça pousserait n'importe qui à se surpasser !

Ton nouveau nom, Y-Zit, c'est pour bien marquer la rupture ?

Oui, et on ne m'a pas laisssé le droit d'utiliser Tizy Bone.
Mais bon, Y-Zit, ça sonne bien.

Etre en solo, ça fait peur ou c'est excitant ?

Ca m'excite, je ne peux pas le cacher !
J'ai peur aussi, car je cumule les casquettes :
je suis auteur, compositeur, interprète et producteur.
Ca met la pression !

Tu as créé ton propre label, Hard Life (Vie dure). C'est un clin d'oeil à Tragédie ?

Oui, en quelque sorte. J'ai passé huit moi à travailler sur
cet album, entre les contrats et les avocats. Ce n'était pas facile.

Autre nouveauté : ta femme Emilie a travaillé sur quasiment tous les tires de ton album...

Elle me reprochait souvent mes absences et le fait que
j'étais trop absorbé par mon boulot, même à la maison.
Je lui ai alors proposé de participer à l'écriture de mon album.

C'était son truc ?

Non, mais elle est forte ! J'ai été bluffé.
Les femmes ont une manière de dire les choses trés simplement.
Nous, les mecs, on a tendance à tourner autour du pot, on a peur de se livrer.
En plus, ce qui est super, c'est qu'Emilie, c'est moi, mais en fille ! elle me connaît trop bien !
Cet album est trés perso. Il parle beaucoup d'amour, de ma séparation avec dany (Silky Shaï),
des critiques que je vais sûrement subir...

Avant, tu cachais davantage ta vie privée. N'est-ce pas un risque d'exposer ta famille ?

Si. Mais j'aime ma femme, on se connaît depuis cinq ans et
on est marié depuis deux ans. Je sais qu'elle a besoin de reconnaissance.
Elle a eu beaucoup de courage d'être restée avec moi malgré tout.
Alors je suis prêt à prendre le risque !

Un duo, vous y pensez ?

Non, car elle ne chante pas. par contre,
on peut entendre qui parle espagnol sur l'intro du morceau Chica Latina.

Une chanson est dédiée à ton fils de deux ans, Dalvin...

Oui,c'est nouveau, j'en ai jamais beaucoup parlé avant.
Je veux que plus tard, il voit que son papa a pensé à lui.

On est habitué à danser sur ta voix. Cet album est-il plus sombre ?

Le premier single ola fait la transition avec le "son" dancefloor de Tragédie.
Mais l'album est moins joyeux qu'avant. Aujourd'hui, je suis plus dans la mouvance "crunk",
à la Usher, à la Chris Brown. Je me sens plus soul, avec pas mal de ballades.

N'as-tu pas envie de parler davantage de tes origines de ton pays, Madagascar ?

Je ne suis pas un grand médiateur, j'ai du mal à parler de la société.
D'autres artistes le font trés bien. Chez nous, on ne parle pas de la pauvreté comme ça.
Je suis content d'être en France, mais dans mon coeur, je suis malgache à 100%.
Si je peux faire quelque chose pour mon pays, je le ferai, mais pas devant les caméras.
Je me servirai pas de ça pour me faire mousser !

Que ferais-tu pour ton pays ?

J'aimerais créer une association pour les orphelins de madagascar,
il y en a beaucoup. Avec Emilie, on aimerait aussi adopter
un bébé de là-bas.

Comment tes origines influencent-elles ton quotidien ?

Je mange du riz tous les jours, je regarde les chaînes de là-bas,
j'écoute beaucoup de musique malgache et je parle un peu malgache avec
mon fils aussi pour qu'il connaisse la langue.

Tu habites toujours à Nantes. Est-ce pour te préserver ?

Oui, et puis ma femme est nantaise, elle me surveille beaucoup
et quand elle a refusé qu'on aille habiter à paris, j'ai dit "ok" !